Implants jaunes : toujours en manque de preuve

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Downie LE, Wormald R, Evans J et al. Analysis of a systematic review about blue light-filtering intraocular lenses for retinal protection : understanding the limitations of the evidence. JAMA Ophthalmol. Published online February 21, 2019.

Depuis une vingtaine d’années, certains fabricants ont commercialisé des systèmes optiques visant à réduire l’exposition oculaire aux courtes longueurs d’ondes. La partie gauche du spectre des radiations lumineuses comporte les ultraviolets (200-400 nm) et une partie du spectre de lumière visible (violets : 400-440 nm et bleus : 440-500 nm).
Ces systèmes optiques recouvrent d’une part les verres de correction portés et d’autre part les implants intraoculaires mis en place lors de la chirurgie de la cataracte (fig. 1).

L’article publié dans le dernier numéro de JAMA Ophthalmology repose sur une revue de la littérature comportant l’analyse de 51 essais cliniques réalisés dans 17 pays. Ces essais visaient à comparer les données du suivi chez des patients opérés de cataracte avec la mise en place d’un implant filtrant les bleus ou d’un implant ne filtrant que les ultraviolets. La durée du suivi variait de 1 mois à 5 ans. L’effectif de l’ensemble de ces essais était de plus de 5 000 patients.

Pour certains auteurs, l’atténuation des violets et des bleus pourrait soulager la fatigue oculaire [1] et améliorer la qualité du sommeil [2]. Certains fabricants ont suggéré que l’atténuation de ces courtes longueurs d’ondes par un implant pourrait protéger la rétine, et en particulier la macula, de la phototoxicité induite par ces rayonnements [3]. Cette hypothèse de protection rétinienne repose sur des données expérimentales provenant d’études menées sur des animaux [4] et sur des cultures cellulaires [5-7], qui ont démontré qu’une exposition intense à la lumière visible de courtes longueurs d’ondes pouvait induire des lésions cellulaires rétiniennes. En extrapolant ces résultats à l’homme, il a été suggéré que la lumière bleue pourrait contribuer au développement et/ou à la progression de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) [8].

La prévalence de la maladie, le coût des traitements par anti-VEGF et la possibilité encore actuellement de complications menant à une déficience visuelle font que toutes les mesures susceptibles de réduire le risque de survenue d’une DMLA ont des avantages potentiels en termes de santé publique (et individuelle). Actuellement, les compléments micronutritionnels représentent le seul traitement préventif ayant démontré un intérêt pour diminuer le risque de passer du stade de simple maculopathie liée à l’âge (MLA) au stade de DMLA avérée [9, 10].

Aucun traitement n’a finalement montré une efficacité pour diminuer le risque de DMLA dans la population générale.

Des[...]

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À propos de l’auteur

Centre de Rétine Médicale, MARQUETTE-LEZ-LILLE, Service d’Ophtalmologie, Hôpital Lariboisière, PARIS.