Hier encore, c’était simple.
Les geeks ? Une espèce rare, facilement repérable : poignet vissé au clavier, langage codé entre deux grognements, éclats de rire en binaire. Ils consultaient peu en ophtalmo, trop occupés à pirater la matrice ou à sauver le monde depuis leur sous-sol.
Aujourd’hui ?
Bonne chance pour les identifier. Du collégien au brushing approximatif à la quinqua fan de TikTok, presque tout le monde coche désormais les critères du G-DSM (geek diagnostic and statistical manual). Même le patient qui dit n’utiliser aucun écran (mais qui scrolle quand même plusieurs heures par jour sur son téléphone).
Après avoir examiné une patiente que vous avez brillamment opérée de sa cataracte, vous faites entrer le patient suivant : Frédéric, 34 ans, dont c’est le premier rendez-vous dans votre cabinet.
Profession : UI designer pour une marque de prêt-à-porter.
Spécialités : sites web, applications mobiles, paintball et casque de moto.
Histoire ophtalmologique : depuis que son manager a demandé un retour en présentiel d’au moins 3 jours par semaine, il se rend au bureau à moto, en portant des lentilles, car ses lunettes le gênent lors du port du casque. Il porte donc des lentilles silico- hydrogel men- suelles (de qualité correcte, avec un produit d’entretien d’une marque de distributeur), de puissance : OD –6,50/OG –7,00 D.
Usage des écrans : 10 à 12 heures par jour, 6 à 7 jours par semaine (le rêve pour un geek, le cauchemar pour ses yeux).
Symptômes : picotements et brûlures oculaires dès midi, flou visuel le soir, céphalées péri-orbitaires et fronto-temporales 2 à 3 fois par semaine.
Traitements entrepris : sa pharmacienne avait recommandé des larmes artificielles. L’essai fut héroïque mais inefficace.
Examen en lampe à fente : cornée claire sans prise de fluores- céine, BUT 7 s.
Sa réfraction du jour est : OD 10/10 avec –7.50/OG 10/10 avec –7.50 (–0,50) 10° en lunettes (ce qui donnerait –7,00/–7,25 en lentilles par conversion) à chaque œil, P2 faible sans addition, P2 net avec addition +0.50. Il présente donc une asthénopie accommodative de près. La réfraction montre un besoin d’addition légère en vision de près, mais Frédéric préfère conserver ses puissances actuelles de lentilles, de peur de devenir presbyte avant l’heure (on le comprend). Devant cette asthénopie, vous avez la présence d’esprit de vérifier la qualité de sa convergence : en effet, il présente une insuffisance de convergence.
La stratégie :
– rééducation orthoptique pour renforcer sa convergence, aug-
menter sa capacité accommodative de près et lutter contre les
céphalées[...]
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