Le prix de l’épithélium pigmentaire

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Spaide RF, Vavvas DG. Complement inhibition for Geographic Atrophy: Review of Salient Functional Outcomes and Perspective. Retina, 2023;43:1064-1069.

Au milieu des années 2000, un éditorial du New England Journal of Medicine évoquait l’envolée du prix de la vue des patients atteints d’une forme exsudative de la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge) en comparant le prix du ranibizumab nouvellement commercialisé avec celui du bevacizumab [1]. Une vingtaine d’années après, on apprécie la discussion ironique de Richard Spaide sur les inhibiteurs du complément récemment approuvés par la FDA. Richard Spaide montre que si les deux médicaments, le pegcetacoplan (Apellis Pharmaceuticals) inhibant le C3 et l’avacincaptad pegol (Zimura, Iveric Bio) inhibant le C5 ont pu démontrer des résultats significatifs sur des critères d’imagerie, permettant la commercialisation du pegcetacoplan, aucun résultat fonctionnel n’a été objectivé ni à 2 ans pour le pegcetacoplan ni à 1 an pour l’avacincaptad pegol. En outre, les deux médicaments ont augmenté le risque de néovascularisation maculaire. En 2000, les ophtalmologistes s’offusquaient de la conception des études pivots qui avaient permis de valider la Visudyne (vertéporfine) parce que le bénéfice visuel était estimé en termes de “moindres pertes d’acuité visuelle” [2]. En 2023, les stratégies de communication ont tellement évolué qu’il devient possible d’envisager des traitements apportant un bénéfice qui repose sur un critère d’imagerie et non sur un critère fonctionnel.

Le prix du pegcetacoplan fait l’objet d’un article publié par Nimesh Patel avec une évaluation du prix du mm2 d’épithélium pigmentaire épargné grâce au traitement [3]. L’article de Spaide a fait l’objet d’un commentaire un peu âpre par Caroline Baumal (consultante chez Appellis) auquel Spaide a répondu avec vigueur !

Le pegcetacoplan a été évalué dans deux études de phase III, DERBY et OAKS, auxquelles ont participé respectivement 637 et 621 patients. Après 12 mois de suivi, l’étude OAKS a montré une réduction statistiquement significative de l’expansion de l’atrophie géographique à 12 mois, alors que l’étude DERBY ne l’a pas montrée. Le suivi à 24 mois a montré que l’évolution de la taille de l’atrophie était plus lente dans le groupe traité mensuellement et dans le groupe traité tous les 2 mois que chez les patients du groupe témoin. La meilleure acuité visuelle corrigée, la vitesse de lecture maximale, l’indice d’indépendance fonctionnelle de la lecture et les sensibilités moyennes des seuils de micropérimétrie (OAKS uniquement) n’ont pas montré de différences statistiquement significatives entre les différents groupes de l’étude. En d’autres termes, aucun bénéfice fonctionnel n’a été[...]

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À propos de l’auteur

Centre de Rétine Médicale, MARQUETTE-LEZ-LILLE, Service d’Ophtalmologie, Hôpital Lariboisière, PARIS.